vendredi 11 avril 2014

Mon arrivée chez les Patos...


(Photo internet)

Je suis né en Algérie le 15 novembre 1948, mon arrivée en France à eu lieu en 1962,
j'avais donc 14 ans, en pleine adolescence.

C'est moi le numéro 25, mais contrairement à ce que l'on peut croire, je ne suis pas allemand.

Cela n'a pas été facile, il y avait un obstacle majeur à mon intégration en France,
le barrière de la langue...
Entre l'accent pied noir et le patois havrais, la différence était énorme
et relativement humiliante pour moi.

Au pays, nous avions souvent tendance à se moquer des français, 
ils étaient rougeauds et leur accent était à couper au couteau (à beurre bien entendu). 
On les surnommait les Patos (canard en espagnol).

Jamais, je n'aurais imaginé une seule seconde qu'un jour j'irai vivre au pays des Patos.
Nous avons logé deux mois à l'hôtel à Marseille en attendant l'affectation de mon père, 
qui lui était resté en Algérie. Il avait demandé sa mutation entre Marseille et Perpignan.

Le jour ou il a reçu son affectation pour le Havre, il a pris une carte de France afin de chercher 
cette ville, il a vite compris qu'il allait se rapprocher dangereusement de la Norvège...

 Je suis arrivé au Havre en septembre 1962, première bonne nouvelle, il y avait la mer.
Exactement comme chez moi, à deux exceptions, un la couleur vert marron et les 20°c en moins.

On ne peut pas dire que l'accueil fût chaleureux, au début c'était même l'indifférence et la méfiance.
Les français découvraient enfin le vrai visage de tous ces colons qu'ils pensaient riche.
Alors que nous nous entassions tous dans les nombreuses et nouvelles tours HLM
de Caucriauville. 

Le moindre vol était attribué au pieds noirs, cette population qui n'arrêtait pas de 
dénigrer la France.
Le plus saisissant pour moi était le climat normand, je pensais pas qu'il existait un pays,
ou il faisait pourri et humide du 01 janvier au 31 décembre.
C'est ça l'humour pied noir, toujours très mesuré.

Il faut aussi ajouté que nous avions le verbe haut, à côté de nous les marseillais sont aphones.

Puis quand je suis rentré au collège en septembre 62, ma première question que j'ai posée 
à mes nouveaux camarades a été : 

"Est-ce que les professeurs frappent les élèves ici ?"

Leurs réactions horrifiées m'a rassuré, en Algérie les profs avaient la main lourde,
encouragé d'ailleurs par nos parents. 
Quand tu prenais une baffe par le maître t'avais intérêt à te taire, si jamais tu en parlais
aux parents, tu pouvais être sûr à 100% d'en ramasser une autre.
Alors je disais jamais rien, je crois que j'aurais fait un bon résistant.

Alexandre

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