dimanche 13 avril 2014

A toi qui voulais être reine


Hommage

C'était une petite fille ravissante.
Originaire du Maghreb, elle avait un joli teint hâlé, les yeux et les cheveux très noirs.

Elle avait commencé à tomber beaucoup,
à ne plus pouvoir courir ou se relever, à peiner pour marcher.

Le diagnostic de la maladie dégénérative a été posé alors qu'elle était encore relativement jeune.
Une forme rare et sévère.

Depuis l'âge de cinq ans, elle respirait grâce à une machine, était alimentée via une sonde.
Elle portait un corset qui la maintenait du bassin jusqu'à la tête.
Elle n'avait plus l'usage de sa voix.
Il fallait lire sur ses lèvres, elle avait un milliard de choses à raconter et à demander.

Les muscles de son visage fatiguaient et appauvrissaient d'année en année,
les milles expressions que pouvait avoir une petite fille de son âge.
Elle allait dans l'école de son quartier, avec les enfants de son quartier,
grâce à son fauteuil roulant électrique.

Elle avait un amoureux, dans sa classe
(je crois bien être la seule adulte à détenir cette information).
Elle l'aimait parce qu'il faisait tout le temps des bêtises,
qu'il était drôle, puis, aussi parce qu'il était beau.
(C'est bien vous savez les gars que vous n'avez pas trop à vous fouler!!)

Ceux qui voulaient apprendre à la connaître avaient tout pour.
Derrière cette façade de poupée se cachait une petit fille
qui prenait tout ce que la vie voulait bien lui donner.

Elle est ainsi partie le coeur et la tête comblés de dix petites années de vie.


A toi qui voulais être reine

Tu avais la ronde silhouette des dunes du désert,
la douceur et la tendresse aux creux des mains,
la force et la détermination au fond des yeux,
la curiosité et l'attention au fond des oreilles,
les mots et les désirs au bord des lèvres.

Dans ce corps immobile,
tu as su conquérir le monde,
puis apprendre à t'en éloigner.

A travers cette voix inaudible,
tu as su donner, demander
et ainsi exister.

De ton statut d'enfant,
tu as protégé tous les grands.

Afin que malgré ce dernier soupir,
l'on oublie pas le plus beau de tes sourires...

Pauline

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